Mercredi 9 mars 2016
Pas de cuisine sans produits frais ou transformés. Pas de cuisine thaïe sans une plongée en Chine. Car ici, les Chinois ont apporté bien plus que leur main d’œuvre et leur courage. Ils ont injecté à la cuisine thaïlandaise une partie de leur ADN. Pour s’en convaincre, il faut s’enfoncer dans le Chinatown de Bangkok, le quartier de Yaowarat.
Tout commence par un changement radical d’environnement. Les rues sont colorées de panneaux en chinois, les noms des innombrables échoppes sont en chinois et partout fleurissent des magasins à la gloire de Bouddha. Cette entrée en matière donne le ton : on change de pays, on change de culture et parler thaï n’est plus d’aucune utilité. Ca tombe bien, je n’en comprends toujours que quelques mots, avec la plupart du temps l’impression d’être dyslexique!
Une fois abandonnée la grande avenue qui traverse le quartier, comment expliquer l’incroyable sentiment d’un aller retour dans le temps. Progressivement, on passe des échoppes colorées vendant en gros bibelots, pierres et bijoux de pacotille à une sorte d’immense caverne regorgeant de produits tous plus inconnus les uns que les autres. Ca commence par une sorte de prothèse PIP gélatineuse de couleur rose. Ung Kuay est en fait un mélange de farine de riz et de tapioca, parfumé à la ciboule chinoise, destiné aux offrandes à Bouddha. Je retire illico ma mauvaise blague sur les implants mammaires : ici on ne rigole pas avec l’Eveillé…D’autant que Tansing Chow qui nous accompagne est une fervente bouddhiste qui m’explique que c’est sacrilège d’acheter des décorations de Bouddha pour donner un côté oriental à nos intérieurs. » Les représentations de bouddhas ne sont que « louées » le temps de notre passage sur terre.
Une fois le premier choc encaissé, il vaut mieux avoir une curiosité débordante permettant de ne pas se bloquer sur l’idée saugrenue que ce que nous avons sous les yeux se mange. Et qu’ici, il y a de fortes chances pour que ça se retrouve le jour même dans votre assiette. Facilement assimilables, les racines de lotus ( Lak Bua), entre aliment et médecine (réduit la chaleur du corps)…Vu la température ambiante qui dépasse les 40°, je me ferais bien une petite décoction! Acceptables aussi, les choux fermentés (Pad Kad Dong), le choux thaï salé et séché, le Tofu même noir ( eh oui ca existe) ou le Taro, une sorte de pomme de terre locale. On accepte aussi pour la beauté de l’arbre, les graines de Gingko ( Pae Kuay) qui servent de base à d’excellents desserts sucrés.
Là où ça se complique, c’est quand arrivent les estomacs de poisson frits ( Kea Poa PLa), les calamars trempés dans le bicarbonate de soude ( PLa Mauk), la pintade noire ( Kai Nam) et les pattes de canard, sorte de friandise à sucer (Tin Ped).
Mais bon, soyons fous et acceptons de bon coeur cette plongée en apnée dans un univers totalement inconnu. Avec de jolies découvertes comme le Ki Jang, des feuilles de bambou joliment tressées farcies d’une pâte de farine gluante aux épices ou les crevettes séchées, une base incontournable de la cuisine thaïe. Et surtout les sourires de tous ces marchands, prêts à faire découvrir avec énormément de gentillesse leur alimentation de base. Le voyage c’est avant tout cette belle idée d’ailleurs et d’autrement qui nous fait rêver.
Des graines de Gin
gko, oui!!!! Par contre, les Pla Mauk ou calamars trempés dans le bicarbonate de soude…je suis quand même un peu sceptique…non?
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