Rêveries aquatiques

ll faut d’abord se rendre à Khao Sok, une bourgade que nous rejoignons après une nuit épique en bus depuis Hua Hin, pour comprendre que nous sommes au coeur de la Thaïlande. Arrivées au lever du jour, nous nous sommes retrouvées plongées dans une peinture chinoise. Montagnes aux formes arrondies et oblongues, lavis noir et ocre, écharpes de brume accrochées aux immenses arbres sortant du tableau et les cris des oiseaux et des singes. La très colorée et grouillante Thaïlande a fait subitement place à un tableau dans lequel nous sommes entrées avec délice.

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Coi, le jeune boatman chargé de nous emmener vers un gîte sur pilotis posé sur le lac Rajjaprapha, « la lumière de Rama IX », prend son temps. Sa longue et belle barque en bois glisse sur les eaux vertes, propulsée par un drôle de moteur sorti tout droit d’un univers à la Bilal. Nous sommes seules, juste accompagnées par un couple de thaïlandais vivant à Los Angeles. Une aubaine qui correspond en tout point à la règle incontournable que nous nous sommes fixées depuis le début : fuir les endroits fréquentés par les touristes occidentaux et chinois qui avancent en meutes, les yeux et les oreilles bouchés, bruyants et râleurs. Ou même pire, investis d’un savoir acquis dans les guides et les brochures. Et donc totalement indisponibles pour les rencontres. J’ai une pensée pour mon maître es-escapade, Sylvain Tesson et une de ses phrases lumineuses dont il a le secret : « le tourisme, c’est faire des milliers de kilomètres en cherchant à retrouver ailleurs ce qu’on a chez soi. ». Nous avons donc opté pour le contrecourant à chaque fois que c’est possible et pour l’instant notre ange gardien a plutôt bien fait les choses. Cette fois ci encore, pour une raison qui nous échappe, nous avons été séparées des autres voyageurs et nous sommes retrouvées dans la barque de Choi.

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Ce voyage sur les eaux vertes du lac nous fascine. C’est un peu comme si nous avions la Baie d’Along pour nous toutes seules. Devant notre émerveillement, Choi prend plaisir à nous entrainer dans des passes, des criques et des anses secrètes. Les montagnes se dessinent, apparaissent et disparaissent. Les singes courent sur les berges. On ne pense plus à rien. Juste s’imprégner de cette beauté sauvage et préservée. Car ici, nous sommes dans une réserve naturelle, créée dans les années 80 au moment de la construction du barrage qui a donné naissance à ce lac. Des arbres morts surgissant ça et là rappellent qu’autrefois cet endroit était recouvert par la forêt.Ce projet destiné à fournir l’électricité à la région a bien failli être complété par un second barrage pour alimenter Phuket. Mais les habitants et les défenseurs de la réserve ont fini par avoir gain de cause. En tout cas pour l’instant…

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Notre gîte est posé sur l’eau et comme nous sommes seules, tout le monde est aux petits soins pour nous. Plongeon dans les eaux chaudes, petit tour en canoe, bavardages avec le cuisinier, séance dessin pour croquer ce fameux moteur de BD…notre voyage nous offre un fabuleux arrêt sur images. Avec une seule envie, ne plus bouger de là

 

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